Étape 1 : L'imagination, la partie facile

Tout commence dans ma tête, ou sur un bout de papier gribouillé pendant que je bois mon café. En tant qu'artisane tisserande, je crée le pattern, c'est-à-dire le dessin que va suivre le tissage. Couleurs, motifs, dimensions... C'est la phase créative où tout semble possible et où je me sens comme une artiste visionnaire.

D'ailleurs mon outils préféré pour créer des tartans : clan.com

Étape 2 : Commander les fils

Une fois mon pattern validé, direction la commande de fils pour mon atelier. Et comme je n'ai pas envie de recommander tous les quatre matins, je commande pour plusieurs mois d'un coup. Mon stock de fils ressemble parfois à un magasin de laine qui aurait explosé. Mais au moins, je suis parée pour toutes mes créations de pièces tissées main !

Comment je produis une pièce tissée : le guide (pas si) rapide du tissage artisanal

Spoiler alert : c'est long. Très long. Mais accrochez-vous, je vous emmène dans les coulisses de mon atelier où patience rime avec... euh... encore plus de patience.

Étape 4 : Le tissage artisanal ou le moment de vérité

Une fois l'attachage réalisé, on commence ENFIN à tisser ! Mais attention, c'est le moment du suspense : je vérifie si toute l'installation est bien faite, si je n'ai pas d'erreur de pattern (d'enfilage), et si tous les fils se lèvent bien sur mon métier à tisser.

Parce que oui, il peut y avoir des erreurs dans ce processus de fabrication textile. Et quand il y en a, il faut parfois défaire des heures de travail pour remettre correctement tous les fils. Le charme du métier d'artisan tisserand, comme on dit.

Une fois que tout est validé, je tisse tranquillement (enfin, "tranquillement"...). Sur ce temps de tissage, il y a aussi :

• Le temps de préparer mes navettes

• Le temps de réparer si un fil casse

• Le temps de corriger un pattern mal fait

• Le temps de me demander pourquoi j'ai choisi ce métier

Bref, du fun à tous les étages.

Étape 3 : Ourdissage, enroulage, enfilage, attachage... 

Ah, on arrive dans la partie technique du processus de tissage. Et croyez-moi, c'est là que ça devient LONG.

• L'ourdissage : je prépare tous les fils de la chaîne (ceux qui vont dans le sens de la longueur du métier à tisser).

• L'enroulage : j'enroule cette chaîne sur le métier.

• L'enfilage : je passe chaque fil, un par un, dans les lisses (ces petits fils verticaux avec un trou au milieu). Oui, CHAQUE fil. Un par un.

• L'attachage : j'attache tous ces fils au métier à tisser pour qu'ils soient bien tendus.

Et maintenant, la partie la plus importante : toutes ces étapes me prennent LE MÊME TEMPS, peu importe la longueur de la chaîne. Que je tisse une écharpe fait main ou dix, c'est pareil. Vous voyez où je veux en venir ?

L'astuce de la rentabilité

Je produis donc TOUJOURS plusieurs pièces sur une même chaîne. Pourquoi ? Parce que faire une chaîne pour une seule pièce, ça veut dire que 100% de mon temps de mise en place est pour UNE pièce. Imaginons 10 heures de préparation pour une pièce tissée main : autant vous dire que le prix final ferait pleurer votre banquier.

Mais si je fais 4 pièces sur la même chaîne ? Je n'ai plus que 2,5 heures de mise en place par pièce + le temps de tissage. Ça permet d'être rentable sur mon temps de travail ET de réduire le coût. CQFD.

Étape 5 : On coupe ! (moment satisfaisant garanti)

Quand la pièce fait main est terminée, on la coupe du métier à tisser. C'est toujours satisfaisant. Genre, vraiment. Presque autant que d'enlever le film protecteur d'un nouvel écran.

Ensuite, je sépare chaque pièce de manière individuelle dans mon atelier et je commence les finitions : nœuds de franges, coutures...

Étape 6 : Le lavage (et le séchage interminable) 

On lave la pièce pour qu'elle prenne toute sa texture. Et ensuite... on attend. On attend que ça sèche. Et la laine, ça peut être LONG.

D'ailleurs, petit détail croustillant : j'ai parfois un risque que mes créations textiles sentent le feu de bois parce que je les laisse sécher devant la cheminée. Ambiance chalet de montagne offerte gratuitement.

Étape 7 : Les finitions finales (oui, encore des finitions)

Une fois sec, on finalise :

• Couture complète pour les pochettes ou housses de coussin

• Repassage (parce que oui, on repasse du tissage artisanal)

• On coupe les derniers fils qui dépassent

Et voilà, c'est fini !

Conclusion : C'était loooong, hein ?!

Maintenant vous savez pourquoi une pièce tissée main a de la valeur. Parce que derrière chaque création textile fait main, il y a des heures (des HEURES) de travail, de patience, de précision... et parfois une légère odeur de feu de bois.

Mais au final, quand je vois la pièce terminée sortir de mon atelier, je me dis que ça valait le coup.

Et si jamais cela vous a donnez une envie de pièce tissée main, cliquez sur un des boutons juste dessous !